L’isolation intérieure ou extérieure est devenue une étape incontournable en rénovation, surtout avec l’évolution des normes énergétiques et la pression du DPE.
Mais lorsqu’on passe de la théorie à la pratique, le choix devient bien moins évident.
En tant qu’architecte et rénovateur, j’ai eu l’occasion de tester les deux approches sur des projets concrets.
Voici un retour d’expérience terrain, pour vous aider à mieux comprendre les enjeux réels derrière ce choix stratégique.
En septembre 2022, je lançais la rénovation complète d’un appartement situé en copropriété.
Bonne nouvelle à l’époque : une isolation thermique par l’extérieur (ITE) venait d’être votée.
Mais dans la réalité, ce chantier ne s’est pas du tout déroulé comme prévu. Il a fallu attendre près de deux ans avant que les travaux commencent effectivement.
Les raisons ?
Un copropriétaire vendait son bien : la copropriété a préféré reporter les travaux.
Les Architectes des Bâtiments de France (ABF) ont initialement refusé le projet. Il a fallu modifier les plans.
Un chantier de voirie adjacent a bloqué l’accès au bâtiment.
Le démarrage a finalement eu lieu… au printemps 2025.
Au final, la situation a généré :
du bruit prolongé,
des nuisances chimiques (odeurs de résines, colles, enduits…),
des fenêtres partiellement condamnées,
et une trésorerie immobilisée pendant des mois.
Pire : les conditions administratives étaient si complexes que nous avons abandonné l’idée d’activer MaPrimeRénov’, l’aide de l’État pour les rénovations énergétiques.
En parallèle, sur un autre bien immobilier, j’ai fait le choix d’une isolation par l’intérieur (ITI). Là, j’étais totalement maître d’ouvrage : pas de copropriété, pas d’ABF, pas d’attente.
En 3 mois, les travaux ont été réalisés :
Le DPE est passé de G à C
Le confort thermique s’est nettement amélioré
Mais j’ai perdu environ 2,5 m² sur 50 m² (environ 5 % de surface habitable)
C’est un compromis à prendre en compte : chaque centimètre isolant compte, surtout dans les zones tendues comme Paris.
L’isolation intérieure reste une solution :
rapide (souvent en 2 à 4 mois),
économique, car elle ne nécessite pas d’échafaudage ni d’accord de copropriété,
efficace à court terme, avec des effets immédiats sur le DPE et le confort.
Mais elle a ses inconvénients :
Perte de surface habitable (jusqu’à 5 à 7 % dans certains cas)
Moindre performance sur les ponts thermiques
Risque de doublon si l’immeuble est isolé par l’extérieur plus tard
L’ITE reste la solution la plus performante, en théorie :
Elle traite toute l’enveloppe thermique,
Elle préserve la surface intérieure,
Elle valorise durablement le bâtiment.
Mais elle est :
longue à mettre en œuvre (12 à 24 mois),
dépendante de la copropriété, des ABF, des aides financières collectives,
coûteuse, même avec subventions,
souvent inconfortable pendant les travaux
Et surtout : si vous avez déjà isolé par l’intérieur, vous payez deux fois pour la même efficacité.
Ma recommandation, issue du terrain :
Pour un investisseur, un marchand de biens, ou un propriétaire pressé d’améliorer son DPE, l’ITI est souvent plus adaptée.
Pour une résidence principale, l’ITE est plus durable… à condition que les contraintes collectives ne vous paralysent pas.
Dans les faits, l’ITE reste un chantier collectif incertain, qui peut prendre des années, même quand il est voté.
Aujourd’hui, l’isolation est indispensable pour vendre, louer ou améliorer son bien.
Mais entre aides mal expliquées, normes changeantes, délais imprévus et arbitrages techniques, les propriétaires se retrouvent souvent seuls face à des choix complexes.
👉 L’État fixe les objectifs, mais ne fournit pas le mode d’emploi.
👉 Le résultat ? Des projets à l’arrêt, ou des rénovations doublées, coûteuses, parfois inefficaces.
Et vous ? Vous auriez choisi quelle voie ?
Article sur ton site :
👉 “Rénover un bien en copropriété : 5 pièges à éviter”
Autre post transformé en article :
👉 “Comprendre le DPE : comment améliorer la note d’un appartement ancien”